Projet 20 interviews
« Les professionnels parlent de leur quotidien, de leurs missions »
Interview avec Charel Trierweiler, membre fondateur de l’ALGSO, l’association luxembourgeoise des groupes sportifs oncologiques.
Charel Trierweiler est membre fondateur de l’ALGSO, l’association luxembourgeoise des groupes sportifs oncologiques, qui s’adresse tout particulièrement à des personnes ayant souffert d’un cancer. Cette association existe depuis 2009.
Charel a obtenu un master en sciences du sport (Sportwissenschaften). Son travail de master portait sur les effets de l’effort physique pendant la thérapie en milieu hospitalier. Pour ce faire il était accompagné par le docteur Freerk Baumann, un vrai coryphée, spécialisé dans la recherche dans le domaine de la médecine oncologique du mouvement au Centre pour oncologie intégrée à l’université des sports à Cologne.
Tout d’abord Charel a analysé le rôle du sport dans la prévention :
Faire du sport pendant 300 minutes par semaine diminue le risque de développer un cancer.
Si l’on augmente l’intensité, on pourra réduire le temps. Ainsi 45minutes de sport léger correspondent à peu près à 25 minutes de jogging.
L’idéal consiste en un mix équilibré d’exercices de musculation et d’entraînement cardio.
Ici au Luxembourg c’était la docteur Caroline Duhem qui a accompagné Charel au CHL, où il a suivi 25 patients, afin d’établir un lien entre exercice physique et bien-être :
– au niveau physique : les patients ont mieux enduré les effets secondaires du traitement, et se sentaient moins fatigués, en plus ils étaient plus résistants, plus forts
– au niveau psychique : ils éprouvaient moins de peur, moins de stress, et se sentaient tout simplement mieux
– au niveau social : ils ont noué des contacts avec d’autres patients pendant la physiothérapie, et se sentaient moins isolés.
Ainsi Charel a pu montrer que la thérapie sur base d’exercices physiques en milieu hospitalier a des effets positifs et diminue le risque de récidive.
En 2008 Charel a commencé à travailler au CHL dans le domaine de la physiothérapie. Il a accompagné des patients pratiquant la thérapie sportive. C’est la CNS, la Caisse Nationale de Santé, qui prend en charge les frais générés en milieu hospitalier pour des patients souffrant d’un cancer.
Mais Charel se voyait surtout confronté à la question « qu’est-ce qui se passe après la physiothérapie en milieu hospitalier ? ».
Une fois sortis de l’hôpital, le sport a manqué à ses patients ; ils voulaient continuer, mais plus dans un centre d’entraînement conventionnel, mais plutôt être suivi par quelqu’un qui les connaissait et qui connaissait leur problème. Charel reconnaissait un vrai besoin.
Il a suivi des groupes sportifs ambulants en Allemagne, pour finalement ouvrir de tels groupes au Luxembourg, pour de patients qui avaient quitté le CHL : ces patients s’étaient sentis à l’aise dans leur groupe, ils connaissaient très bien leur thérapeute sportif.
Charel a contacté les service clubs Lions pour leurs présenter son projet de groupe sportif, et c’est grâce au soutien du docteur Marc Diederich qu’il a pu fonder l’ALGSO.
En 2009 il y avait 2 groupes sportifs.
Aujourd’hui en 2022 il y a 13 groupes, tous guidés par un thérapeute sportif, qui est rémunéré par l’ALGSO pour les cours offerts.
Le comité de l’ALGSO se compose de 6 bénévoles, Charel est le président. En plus ils collaborent avec un grand pool de thérapeutes sportifs.
La Fédération luxembourgeoise des associations de sports de santé, la FLASS, regroupe les divers groupes sportifs avec leurs diverses pathologies. Elle a pour objet d’augmenter la participation des personnes atteintes de maladies chroniques aux cours d’activité physique thérapeutique afin de diminuer le risque de récidives de leurs maladies et/ou de leur donner un plus grand confort de vie.
Mais comment arrive-t-on à motiver un patient à participer à un tel groupe sportif ? Et bien c’est surtout le médecin traitant, qui, s’il est convaincu des effets bénéfiques du sport, montre les résultats d’études à ses patients afin de les encourager pour y participer. Chaque personne commence doucement à son propre rythme. Chaque entraînement est adapté selon le cas.
Charel explique que les groupes sportifs sont pour beaucoup de patients la plateforme qui leur permettra plus tard de reprendre les cours qu’ils avaient l’habitude de fréquenter avant leur maladie. (comme par exemple la danse, le fitness…) Beaucoup d’entre eux ont noué des contacts, ont trouvé des amis qui ont eu un parcours semblable.
Sur le site internet www.sportifsoncologiques.lu , on peut trouver plein d’informations. Un membre de l’ALGSO paie 20 € de contribution, ce qui lui permet de participer à un groupe de son choix de façon illimitée.
Pour Charel il est important de bien départager la profession et la vie privée. Aujourd’hui il est professeur d’éducation physique au Lycée technique du centre, et un président engagé de l’ALGSO.Charel, merci pour votre engagement, et votre ténacité.
L’interview a été réalisée par Mme Françoise Hetto-Gaasch, membre du comité d’Europa Donna Luxembourg.
Europa Donna Luxembourg Asbl
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Tél. : 621 47 83 94