Projet 20 interviews 

     « Les professionnels parlent de leur quotidien, de leurs missions »

Interview avec Dr Frédérick Bérangère, radiothérapeute oncologue référente pour le sein au Centre François Baclesse ( CFB). 

Le Dr Bérangère Frédérick est radiothérapeute, oncologue référente pour le sein au Centre François Baclesse (CFB).

420 nouveaux patient(e)s sont traité(e)s chaque année au CFB pour le cancer du sein.

En amont des traitements, 600 réunions pluridisciplinaires par an sont nécessaires et permettent de prendre les bonnes décisions thérapeutiques pour les patientes présentant un cancer. Ces réunions regroupent toutes les disciplines impliquées dans le cancer. Pour le cancer du sein, il s’agit des chirurgiens, plasticiens, oncologues, radiothérapeutes, radiologues, psychologues, breast care nurses…

Après la chimiothérapie néo adjuvante ou adjuvante (avant chirurgie ou après chirurgie), après la chirurgie (conservatrice ou non), le médecin oncologue-radiothérapeute prend en charge la patiente en consultation.

 Ensuite un scanner de simulation est planifié au CFB. Pour cela la patiente est installée dans une contention spéciale qui définit la position du traitement. Elle doit être confortable pour permettre une bonne reproductibilité quotidienne du traitement. Une fois cette position trouvée le médecin met en place des repères métalliques autour des seins et des cicatrices. Puis les assistants techniciens médicaux de radiothérapie réalisent le scanner. Afin de bien définir les zones à traiter, des repères sont tracés sur la peau. Une fois ces préparatifs terminés, les séances de traitement pourront commencer à raison de 25 fractions (5 jours par semaine pendant 5 semaines avec une dose standard de 2 Gy) ou 15 fractions (5 jours par semaine pendant 3 semaines avec une dose supérieure de 2.67 Gy), ceci en fonction de l’âge, et de l’atteinte des ganglions axillaires. La radiothérapie du sein est délivrée en prévention, pour éviter que la tumeur ne revienne localement dans le sein.

Même si la radiothérapie est indolore, l’effet secondaire potentiel le plus fréquent est la dermite qui apparaît sous forme de rougeurs et de sécheresse. Depuis 2014, au CFB, ont débuté les techniques de modulation d’intensité des faisceaux d’irradiation qui permettent de réduire de 3 fois le risque de dermite.

Des crèmes à base d’urée aident à hydrater la peau et s’appliquent après la radiothérapie deux fois par jour. Un traitement à base d’huiles essentielles (lavande et niaouli) est aussi proposé et contribue à procurer davantage de bien-être. Des soins de support sont aussi proposés (onc esthétique, laser, psychologue, hypnose…)

Le radiothérapeute et le case manager (infirmier intermédiaire entre la patiente et le médecin), sont en contact avec la patiente avant, pendant et après le traitement. Le suivi pendant le traitement consiste en une consultation hebdomadaire et le suivi post traitement consiste en une consultation annuelle au CFB pendant 5 ans.

Après mastectomie, une fois la radiothérapie terminée, si la patiente désire une reconstruction du sein, celle-ci pourra se faire après 6 mois.

Si une reconstruction immédiate est réalisée après mastectomie, si une radiothérapie s’impose, il arrive que l’effet secondaire principal est la formation d’une coque décrite dans 20% des cas, qui se forme autour de la prothèse en silicone. Ceci est une réaction du tissu sous cutané. Des facteurs aggravants sont le tabac, une chimiothérapie préalable et la radiothérapie. Depuis 2017, le nombre de cas présentant cette complication a fortement diminué grâce aux améliorations des techniques chirurgicales et de radiothérapie.

Le Dr Frédérick explique qu’actuellement on irradie tout le sein au CFB, mais qu’un projet d’irradiation partielle du sein est en cours (qui devra encore être validé par le comité scientifique et le comité d’éthique au Luxembourg). Ce projet prévoit de n’irradier que le lit tumoral, en 6 séances, par une technique robotisée (Cyberknife) et sera applicable pour 30% des patientes qui entrent dans des critères bien définis.

En outre, le Dr Frédérick attend avec impatience la venue d’une nouvelle machine, qui permettra une irradiation en blocage inspiratoire. Celle-ci a pour effet d’éloigner le cœur et les artères du cœur de la paroi et du sein, et de ce fait, cette irradiation n’aura pas d’effets néfastes sur ces organes.

Message personnel du Dr Frédérick : 

Notre mission première est de prendre en charge les patients en radiothérapie pour leur offrir les meilleurs soins possibles.

Grâce aux réunions pluridisciplinaires, grâce à la recherche clinique et au développement des techniques d’irradiation au CFB, grâce aux nouvelles machines que nous allons acquérir dans les mois à venir, grâce au travail d’équipe au quotidien (médecins, radiophysiciens, ATM-RX, infirmières), nous avons la possibilité d’offrir aux patientes luxembourgeoises et frontalières les soins les mieux adaptés à chacune d’entre elles selon les recommandations internationales.

Merci Docteur pour le temps consacré à notre interview, pour ces informations précieuses, et surtout pour votre engagement sans pareil pour vos patient(e)s.

L’équipe de radiothérapie de la CFB travaille quotidiennement pour améliorer les soins prodigués aux patients. Le Dr Bérangère Frederick est la 4ème personne à gauche, au premier rang. 

L’interview a été réalisée par Mme Françoise Hetto-Gaasch, membre du comité d’Europa Donna Luxembourg en juin 2022.

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