Projet 20 interviews
« Les professionnels parlent de leur
quotidien, de leurs missions »
Interview avec la radiologue Dr Audrey Mawet : sa profession, son rôle, son engagement, sa responsabilité
Dr Mawet est radiologue au CHdN et spécialisée dans le diagnostic du cancer du sein.
Elle prend tout son temps pour bien expliquer comment elle travaille.
Il existe plusieurs cas de figure de prise en charge des patientes par le sénologue :
– les patientes envoyées par leur gynécologue à partir de 40 ans pour dépistage et donc asymptomatiques. Les patientes peuvent être envoyées pour dépistage avant 40 ans en raison de lourds antécédents familiaux avec par exemple un cancer du sein chez la maman ou chez une sœur avant 40 ans.
– les patientes rentrant dans le dépistage national organisé à partir de 50 ans recevant une invitation du programme Mammographie
– les patient(e)s présentant des symptômes (exemple : palpation d’un nodule, écoulement mamelonnaire, etc. …), adressées directement en urgence par leur gynécologue
En effet, les hommes peuvent également présenter différents types de symptômes comme tuméfaction rétro-aréolaire douloureuse, nodule palpé ou rétraction cutanée et seront envoyés généralement par le médecin traitant pour mise au point. Dans ce cas, une mammographie et une échographie seront réalisées.
La mammographie permet d’obtenir une image de la structure interne du sein et permet de détecter une anomalie au niveau du sein. La mammographie permet de réaliser une image en 2 dimensions du sein, de manière schématique en noir/gris et blanc :
– en blanc, on reconnaît principalement le tissu fibro-glandulaire. Les anomalies telles que les cancers, kystes et autres apparaissent également en blanc
– en gris, on reconnaît le tissu graisseux du sein.
L’analyse de ces images va permettre au radiologue de détecter les différentes anomalies existantes dans le sein pathologique.
Dans le cadre des cancers du sein, il s’agira d’opacité spiculée, de distorsions architecturales ou encore de microcalcifications suspectes.
Dans certains cas, il est important de préciser la mammographie par une échographie, qui se fait en complément.
L’échographie (exploration des seins par ultrasons) est également utilisée pour des patientes très jeunes ou sera réalisée en cas de seins denses.
La responsabilité de la radiologue, examinant ces images, est énorme.
Si la radiologue décèle une anomalie, elle proposera à la patiente une biopsie, qui permettra de préciser si l’anomalie est bénigne ou non. Au moment de la biopsie, elle prélève des morceaux de tissu au sein de la lésion.
Ces morceaux minuscules de tissu seront envoyés au Laboratoire National de Santé, pour être analysés et déterminer les caractéristiques de la lésion.
La patiente devra attendre 7 à 10 jours avant d’avoir ses résultats.
Ces quelques jours peuvent apparaître très longs. Ce délai peut cependant permettre à la patiente de réfléchir sur une maladie éventuelle, et de « digérer » les informations reçues.
Si la lésion visualisée rassemble toutes les caractéristiques d’une lésion bénigne, le radiologue pourra proposer un autre type de prélèvement, la cytoponction qui consiste à aspirer à l’aide d’une très fine aiguille quelques cellules au sein de la lésion permettant un diagnostic moins précis mais suffisant pour le suivi de la lésion.
Pendant les actes techniques, pour lesquels la radiologue est responsable, il lui faut beaucoup d’empathie, de sensibilité pour bien expliquer à sa patiente les détails de l’intervention et la procédure (biopsie ou cytoponction). Une vraie relation de confiance s’établira.
Le résultat des examens sera communiqué à la patiente/au patient par son gynécologue ou médecin traitant (médecin prescripteur).
En cas de cancer du sein confirmé, la radiologue reverra sa patiente un an plus tard pour le dépistage systématique qui se fera annuellement.
Dans les cas où une chimiothérapie s’avère nécessaire avant l’opération, le radiologue reverra la patiente avant ce délai de 1 an et donc avant l’opération afin d’établir la bonne réponse ou non de la tumeur à la chimiothérapie que l’on appelle dans ce cas chimiothérapie néoadjuvante. L’examen consistera à vérifier la régression ou non de la taille de la tumeur.
Le radiologue sera également amené à contrôler de manière plus régulière certaines lésions bénignes selon des guidelines établis.
A la fin de sa consultation, le radiologue devra établir une classification selon l’ACR (classification allant de l’ACR 1 à l’ACR 5 voire 6) afin de déterminer la prise en charge ultérieure de la patiente.
A côté de la mammographie et de l’échographie, l’IRM mammaire peut aussi être réalisée chez des patientes présentant une mutation génétique (type BRCA ou autre) ou en cas de bilan de certains types de cancer du sein (exemple : cancer lobulaire).
La radiologue était heureuse d’annoncer que d’ici 2 ans une nouvelle technique d’imagerie sera présente dans les hôpitaux au Luxembourg, la tomosynthèse permettant de produire des images en 3 D, beaucoup plus précises. Cette machine assurera une plus haute détectabilité, donc de la sensibilité, mais aussi de la spécificité du diagnostic.
Pour Dr Mawet, la mammographie est un examen indispensable pour un dépistage précoce.
Si un cancer est détecté rapidement, les chances de survie augmentent. Les traitements ont énormément évolué et sont de plus en plus ciblés.
Elle encourage les patientes à poser toutes leurs questions sans hésitation afin de les rassurer sur les examens à réaliser, sur l’éventuelle douleur que la mammographie peut provoquer mais également leur crainte par rapport aux radiations ionisantes.
Merci Docteur pour votre engagement et votre temps précieux consacré à cette interview.
L’interview a été réalisée par Mme Françoise Hetto-Gaasch, membre du comité d’Europa Donna Luxembourg en mai 2022.
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