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Interview avec Madame Dr. Olfa Chouchane Mlik – Responsable du service d’anatomie-pathologique du Laboratoire National de Santé (LNS) à Dudelange.

Responsable du service d’anatomie-pathologique du Laboratoire National de Santé (LNS) à Dudelange

L’anatomie pathologique est une discipline médicale exercée par des médecins spécialisés appelés anatomopathologistes ou encore pathologistes.

L’anatomie pathologique est basée sur l’analyse de tissus ou de cellules prélevés par biopsie, cytoponction ou lors d’une intervention chirurgicale.

L’examen de ces prélèvements aura pour but de déterminer la nature de la lésion, son statut bénin ou malin, son grade et son stade dans le cas où il s’agit de cancer.

L’analyse histopathologique dans le cadre des cancers du sein est restée longtemps limitée à leur étude morphologique classique. Elle bénéficie actuellement de l’apport de techniques complémentaires telles que l’immunohistochimie et la biologie moléculaire.

Les résultats obtenus par ces différents procédés techniques permettent de caractériser les cancers du sein diagnostiqués selon les recommandations internationales. Le diagnostic final du pathologiste apporte des informations capitales qui conditionnent l’approche thérapeutique du cancer du sein et de son suivi.

Trois types de prélèvements sont reçus dans le cadre de la pathologie mammaire

Au laboratoire d’anatomie pathologique, trois types de prélèvements sont reçus dans le cadre de la pathologie mammaire :

1. Cytoponction : ponction à l’aiguille fine d’un ganglion axillaire pathologique ou d’une zone mammaire repérée cliniquement ou radiologiquement pour recueillir des cellules.

2. Biopsie : prélèvement d’un petit fragment réalisé sur une zone anormale du sein ou devant la présence de microcalcifications.

3. Pièce opératoire obtenue par exérèse chirurgicale.

Étapes techniques de la prise en charge d’une biopsie mammaire

L’analyse de ces prélèvements commence par un examen macroscopique. Un délai de fixation incompressible de 6h est à respecter pour garantir une analyse optimale. Une description des lésions et de leurs dimensions sera réalisée suivi d’un échantillonnage de la pièce opératoire. Les prélèvements tissulaires seront ainsi mis dans un boitier en plastique (une cassette), qui sera placé pendant quelques heures dans un automate d’imprégnation tissulaire. En effet il s’agit de préparer le prélèvement à l’inclusion en paraffine. Pour cela il est primordial de déshydrater l’échantillon tissulaire à analyser pour qu’il devienne miscible dans la paraffine. Une fois ce procédé de déshydratation terminé, la cassette sera sortie de l’automate. Suivra l’inclusion dans la paraffine très chaude qui sera figée à température basse pour en récupérer un bloc dur. Celui-ci pourra être stocké pendant des années. Ce bloc tissulaire sera ensuite coupé par les techniciens en coupes ultrafines de 3 à 5 microns. Ces coupes seront étalées sur une lame en verre. Elles seront, ensuite, colorées (coloration à l’hématoxyline et l’éosine) permettant de rendre le tissu visible au microscope optique.

Le pathologiste examinera au microscope la ou les coupes obtenues afin d’identifier la lésion mammaire et de la classer (pathologies inflammatoires, dégénératives ou tumorales).

L’étude immunohistochimique permet de détecter la présence ou non de marqueurs exprimés par les cellules tumorales. Elle permet de quantifier les récepteurs hormonaux et d’autres marqueurs qui permettent de prédire la sensibilité ou non à un traitement. Cette étape est primordiale pour la suite de la prise en charge thérapeutique des patientes.

Dans certaines situations, on aura recours à des techniques de biologie moléculaire afin d’identifier des anomalies dans le génome cellulaire telles que des mutations ou des amplifications de gènes, permettant ainsi d’affiner la classification du cancer ou d’apporter des informations pronostiques.

Si l’on considère les contraintes techniques nécessaires pour aboutir à une analyse complète on comprend que les résultats ne puissent être fournis en quelques heures. Les biopsies sont traitées en priorité. Il faut compter 4 à 5 jours ouvrables pour l’analyse et la réalisation du compte rendu complet (incluant l’analyse des biomarqueurs). Celui-ci permettra d’aider les spécialistes à choisir le traitement adéquat après discussion lors de réunions de concertation pluridisciplinaire.

Le diagnostic anatomopathologique des cancers est en amélioration constante. Notre vision, conclut Dr. Chouchane, est de délivrer un service d’excellence basé sur l’application des standards internationaux. Dr. Chouchane encourage, en outre, les patientes à donner suite à leurs convocations pour la mammographie réalisée dans le cadre du programme national luxembourgeois. Il ne faut pas hésiter à consulter son médecin traitant, dit-elle. Il est d’autant plus difficile de contrôler la maladie si elle est découverte à un stade avancé. Voilà pourquoi les consultations régulières sont très importantes, pour permettre justement de déceler une éventuelle anomalie au stade le plus précoce. 

Équipe de gynécopathologistes du service d’anatomie pathologique du LNS

De gauche à droite : Dr Alexandra Oniga, Dr Flaviu Crisan, Dr Olfa Chouchane Mlik, Dr Anne Janssen, Dr Alena Badsi

Ci-joint le lien pour regarder une vidéo sur YouTube, filmée dans le labo, et qui illustre les détails techniques rapportés dans l’interview :

Lien : https://www.youtube.com/watch?v=CkaQgY4Y_P0&t=131s

L’interview a été réalisée par Mme Françoise Hetto-Gaasch, membre du comité d’Europa Donna Luxembourg en mai 2022.

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